Les sociétés du groupe Bolloré affichent des résultats sans comparaison avec les plus-values proclamées : comment l’expliquer ? Les « gains sont captés ailleurs », explique Mediapart (www.mediapart.fr) dans le troisième volet de l’enquête de Martine Orange : « La face cachée de l’empire Bolloré (3) : Vincent et les «petites caisses» du Luxembourg », Médiapart, 04.02.09, Martine Orange.
Quelques extraits :
« A la lecture des comptes de son groupe, une question vient à l’esprit. Pourquoi tous ces coups financiers ne se voient-ils jamais dans ses comptes ? D’une année sur l’autre, le groupe Bolloré affiche un résultat qui n’a rien de comparable avec les plus-values proclamées. […] La réponse à cette question est simple : les gains financiers sont captés ailleurs. L’homme est peu partageux, il préfère exercer ses talents financiers en dehors de son groupe officiel, dans d’autres structures. Ses sociétés personnelles d’abord, les sociétés qu’il contrôle par ailleurs ensuite.
[…] Si le souhait de Nicolas Sarkozy de voir le Luxembourg renoncer à ses passe-droits fiscaux se réalisait, son ami Vincent Bolloré serait peut-être embarrassé.
[…] Bolloré préfère accumuler les réserves financières plutôt que les distribuer. Un comportement normal pour lui dans les sociétés cotées : moins il verse aux actionnaires minoritaires, mieux cela vaut à ses yeux. Mais cette politique s’applique aussi aux multiples sociétés non cotées. D’une année sur l’autre, le dividende est maintenu au même niveau, quel que soit le résultat. […] Les administrateurs, toujours les mêmes, s’accordent une petite gâterie supplémentaire : ils se versent des tantièmes, ce qui leur permet de recevoir selon la loi belge et luxembourgeoise, entre 7 et 10% du résultat distribué, réparti entre eux à leur guise.
[…] Aujourd’hui, Vincent Bolloré se sent très fort. Et il n’a manifestement plus envie de partager du tout. Différentes structures continuent à acheter les actions du groupe régulièrement. […] Il n’y a guère de raison que le mouvement s’arrête et que le groupe un jour ne sorte de la cote, pour prospérer à l’abri des regards.
Vincent Bolloré n’est pas encore tout à fait arrivé au moment où il osera afficher réellement l’ampleur de sa fortune. Mais il n’en est pas très loin. Lui qui se vantait jadis d’avoir le sens de l’économie et revendiquait des rémunérations mesurées est en train de changer de pied. En 2005, il affichait encore une rémunération de 1,3 million d’euros. En 2007, elle est passée à 3,4 millions. Officiellement. »
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