La tuméfaction tropicale

Après un petit rappel historique sur l’escamotage, aujourd’hui c’est la science, et même la médecine tropicale qui inspirera ce billet. Après tout, le Togo n’est il pas sous climat tropical ?

Je vous parlerai d’une maladie infectieuse, au pouvoir hautement infectant, et qui plus est fortement contagieuse. Elle se caractérise par l’apparition d’un granulome dit mère au point d’inoculation : il s’agit de la lésion primaire. Deux mois plus tard apparaissent des éruptions papulo ulcéreuses qui vont perdurer des mois durant : il s’agit de la phase secondaire de la maladie. Puis enfin survient la phase tertiaire, qui elle est mutilante, qui affecte la peau mais aussi la masse osseuse, plus particulièrement le massif facial mais aussi les membres.

Que vous dire sur son origine ? Cette maladie est causée par Treponema pertenue, très voisin du tréponème de la syphilis au point qu’il existe une immunité croisée entre cette maladie et la syphilis. Plus précisément, si vous êtes immunisé contre cette maladie, vous êtes immunisé contre l’autre. Vous le verrez un peu plus loin, cette précision s’avèrera lourde de sens …

Cette maladie connaît une variante hémorragique, causée par une bactérie répondant au nom de Bartonella bacilliformis. Cette maladie affecte les globules rouges et entraîne chez celui qui est infecté, dans des cas aigus, des crises d’épilepsie, des parésies transitoires puis des périodes d’excitation… Ces symptômes apparaissent dans la forme compliquée de la variante hémorragique de notre maladie tuméfiante !

A ce stade, avez-vous trouvé de quelle maladie tropicale répandue en Afrique je vous parle ? Elle fait partie des maladies tropicales négligées. Vous n’avez vraiment aucune idée, même si je vous rappelle sa proximité avec la syphilis ?

Bon, je vais alors vous révéler son nom, et je suis sûr qu’alors vous relierez les indices : il s’agit du « pian » et du « pian hémorragique ».

Bien sûr, il ne vous échappera pas que celui qui en est atteint a des crises de convulsions (épilepsie) déclenchant des mouvements désordonnés et incontrôlés. Or, nous tous connaissons une personne qui présente ces symptômes, qu’il n’a pu escamoter !

C’est lui qui m’a demandé d’importer le pian au Togo. Je pensais à l’origine qu’il comptait concourir à la recherche pour éradiquer ce mal… Mais non, il m’a abusé : en fait, il l’a fait prospérer, cultivant la bactérie sur une souche dénommée STM qui a fait la prospérité de la maladie.

Chaque année, à la saint Patrick, il me rappelait combien le pian était utile au Togo, et chaque fois je me laissais abuser… Encore une opération de prestidigitation qui m’a abusé !

Enfin, j’espère que la contamination ne s’étendra pas trop rapidement au Togo, mais je tire une solide consolation : rappelez vous le détail sur l’immunité croisée que je vous indiquais plus haut. Maintenant que je sais que suis immunisé contre le pian, je sais que je le suis aussi contre la syphilis !

Pour en savoir plus sur le pian, consultez l’article de l’OMS : « Le pian, une maladie oubliée », sur http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs316/fr/index.html